Contexte

Notre ferme expérimentale est localisée sur la commune de Saint-Laurent-de-la-Prée (en Charente Maritime) en bordure du fleuve Charente et à 7 km de la mer. Elle se situe dans le vaste ensemble des marais de Rochefort-sur-Mer.

Contexte

Suite à l’Edit d’assèchement des marais de 1599, un ingénieur hollandais aguerri aux polders, a été appelé sur le littoral atlantique pour assainir et transformer les marécages du littoral atlantique en terres utilisables par l’agriculture. Endiguer la mer pour empêcher l’eau salée d’entrer et protéger les terres contre les crues des rivières, sont les principes d’aménagement qui ont guidé et permis de dessécher ces marécages, d’où leur nom de « marais desséchés ».

Jusque dans les années 1960-70, les terres argileuses de ces marais étaient encore largement consacrées à l’élevage sur de grands ensembles de prairies naturelles. Suite aux travaux de l’INRA et avec des incitations au drainage par des subventions d’Etat, de nombreuses prairies naturelles ont été converties en cultures dans les années 1980.

Aujourd’hui, ces marais sont composés d’un maillage de prairies naturelles et de terres cultivées, entourées par des fossés où circule de l’eau douce. Ce réseau de fossés a d’abord une fonction hydraulique en drainant les eaux de surface en hiver et en réalimentant le marais en été. Il fournit également de nombreux services : clôtures naturelles et abreuvement des troupeaux, épuration de l’eau via une intense activité bactérienne essentielle pour protéger les usages sensibles en aval (conchyliculture, baignade) et rôle stratégique de zone tampon par sa fonction de stockage lors des fortes pluies d’hiver.

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Ces marais sont des zones à enjeux de biodiversité forts : ils ont été les premiers à bénéficier de dispositifs de protection (ZNIEFF, ZICO, Natura 2000…). Il s’agit de conserver des milieux originaux, les prairies humides, combinant des habitats variés qui abritent une flore et une faune spécifiques, en particulier les oiseaux qui y trouvent des haltes migratoires ou des sites de reproduction et d'alimentation.

Les marais constituent aussi le cadre de vie de multiples acteurs pour de multiples usages, tous étroitement interdépendants de la gestion collective de l’eau circulant dans le réseau de canaux jusqu’à son rejet dans l’océan, aussi bien sur des aspects qualitatifs (ex. eau satisfaisante d’un point de sanitaire pour l’abreuvement des bovins au champ, eau permettant le maintien d’une biodiversité aquatique) que quantitatifs (ex. évacuation des eaux hivernales excédentaires, ré-alimentation des canaux en eau douce en été).

Malgré les aménagements hydrauliques importants, le marais présente de fortes contraintes pour l’agriculture : des sols très argileux et hydromorphes qui, même drainés, sont difficiles à travailler entre novembre et mi-mars, une faible portance des prairies jusqu’à tard (début avril), une très courte période de la pousse de l’herbe stoppée par la sécheresse estivale mi-juillet, une végétation prairiale de zone humide de faible valeur nutritive pour les animaux et une pression parasitaire forte pour les bovins. L’entretien et le coût de la bonne fonctionnalité des réseaux de fossés repose par ailleurs en partie sur les agriculteurs (réseaux secondaires et tertiaires). Enfin, situé au-dessous du niveau de la mer, le marais se trouve dans une situation de grande vulnérabilité vis-à-vis des risques de submersion marine.

L’unité est implantée dans ce territoire singulier, entre terre et mer, dans le marais desséché de Rochefort-sur-Mer. Cette localisation lui confère une situation originale parmi les unités expérimentales françaises mais aussi européennes. Du point de vue scientifique, l’unité est rattachée au centre de recherches INRAE Nouvelle-Aquitaine-Poitiers et au département ACT (Sciences pour l’action, les transitions, les territoires). Elle compte aujourd’hui 21 personnes, et deux chercheurs associés (appartenant au département INRAE BAP et AgroEcoSystem). Elle réunit des compétences en écologie, agronomie, zootechnie, gestion de l’eau, géomatique..

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Echasse blanche- Photo Lucas Deplaine

 

 

Elle occupe une Surface Agricole Utile (SAU) de 165 ha, dont 52 ha de cultures, 106 ha de prairies naturelles et 7 ha de bandes enherbées, à laquelle s’ajoutent une peupleraie, un bosquet et un petit pré salé. 91% de ces surfaces sont composées de parcelles de marais appartenant au marais desséché de Rochefort. Il y a trois casiers hydrauliques sur la ferme pour un total de 24 km de fossés d’eau douce. Le volume d’eau circulant dans les fossés dépend de la stratégie d’alimentation en eau des casiers en hiver comme en été et de l’état des fossés (statut du curage). Deux casiers dépendent de la gestion collective assurée par deux syndicats de marais tandis que la gestion de l’eau du dernier casier est assurée par la ferme elle-même à l’aide d’une vanne à l’entrée du casier.

Carte SLP

Date de modification : 24 janvier 2024 | Date de création : 14 décembre 2023 | Rédaction : CC, VB, AF